Mémoire et recréation en danse
Reprendre, recréer, réinventer : les œuvres s’effacent si vite en danse que les artistes sont souvent confrontés à la difficulté de les faire revivre pour de nouvelles générations de spectateurs.
Pour un festival comme Montpellier Danse, qui a écrit des pages entières de l’histoire de la danse tout en défendant constamment la création, la question de l’équilibre entre nouvelles pièces et reprises est d’actualité – et ces trois tables rondes permettront de l’explorer en croisant les paroles d’artistes présents au festival, de professionnels et de chercheurs. Qu’est-ce qui amène chorégraphes et compagnies à vouloir reprendre des œuvres déjà anciennes, et quel degré de relecture ce processus implique-t-il ? Le mouvement lui-même peut-il être daté ? Comment être « fidèle » à la lettre du mouvement ou à l’esprit d’un créateur, et faire valoir des reprises et des œuvres de répertoire dans un contexte où la création est symboliquement valorisée dans les programmations ? Alors que Montpellier Danse accueille des recréations importantes en 2023, ces temps de partage visent à mieux comprendre ce qui se cache derrière la difficulté de faire vivre la mémoire en danse.
Tables rondes coordonnées par Laura Cappelle, journaliste et chercheuse bilingue, spécialisée dans le spectacle vivant, auteur de Nouvelle Histoire de la danse en Occident (Ed. Seuil)
Le Désir de reprise, une impulsion créative
Ce premier temps sur la manière dont les artistes envisagent et élaborent la reprise d’une œuvre, et dont on peut définir cette dernière. Qu’est-ce qui se cache derrière le champ sémantique de la reprise, recréation, réinvention ? Quels désirs président à l’envie de reprise, et à quelles étapes d’une carrière intervient-elle ? S’agit-il aux yeux des chorégraphes concernés d’un processus de réinvention des œuvres ? En quoi la reprise fait-elle partie d’un dialogue avec le public qui suit (ou découvre) le travail d’un artiste ?
Mercredi 21 juin à 14h — Studio Cunningham / Agora
Entrée libre
De la fidélité à la trahison, un positionnement délicat
De quelle « fidélité » peut-on parler lors d’une recréation ? Ce deuxième temps de réflexion se concentrera sur le processus de reprise des œuvres, et notamment les stratégies adoptées par les chorégraphes, répétiteurs et interprètes face aux sources dont ils bénéficient. Quelle est la marge de manœuvre que chacun estime juste face à l’œuvre d’origine, qui peut avoir été préservée sous des formes très diverses ? Comment les chorégraphes envisagent-ils la fidélité à un travail qui est le leur, mais dont ils peuvent s’être éloignés artistiquement avec le temps ? Peut-on parfois parler, en l’absence des chorégraphes, de « trahison » du style ou de l’esprit d’un travail ? Quel rôle jouent les nouveaux interprètes dans la transformation d’une œuvre pour un public nouveau, et y a-t-il une nécessité de réinventer certains aspects des œuvres pour assurer une meilleure réception auprès de nouvelles générations ?
Vendredi 30 juin à 14h — Studio Cunningham / Agora
Entrée libre
Entre art de la reprise et goût de la nouveauté, un équilibre complexe
Lorsqu’un marché chorégraphique valorise principalement la création, quelle place donner aux reprises du point de vue de la programmation et du soutien aux compagnies et aux événements ? À l’heure où le déséquilibre entre le nombre de créations et leur diffusion insuffisante est critiqué par la Cour des comptes, penser le rôle des reprises dans l’économie de la danse est de plus en plus essentiel. Or les programmateurs ne perçoivent pas toujours leur intérêt, et nombre de projets s’avèrent difficiles à produire. Pourtant, choisir des œuvres à reprendre, c’est aussi transmettre une culture vivante de la danse à de nouvelles générations de spectateurs. Une politique de la reprise existe-t-elle aujourd’hui ? Faire renaître des œuvres de manière régulière, en outre, est-ce faire répertoire, et si oui, quels répertoires se dégagent (ou disparaissent) aujourd’hui en France, notamment du point de vue des premières générations de la danse contemporaine ?
Samedi 1er juillet à 14h — Studio Cunningham / Agora
Entrée libre