Robyn Orlin, sud-africaine, blanche, artiste inclassable entrechoquant les registres, sait se saisir des conflits d’une collectivité que la fin de l’apartheid n’a pas totalement rassemblée, pour les développer dans des œuvres hostiles à toute discrimination – y compris esthétique.
Agnès Izrine
Une scène pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes, ce spectacle est déconseillé aux personnes de moins de 16 ans
En prenant la direction du nord depuis Le Cap, dernier bastion colonial d’Afrique, peu avant la frontière avec la Namibie, se trouve la ville d’Okiep et son township, où l’extrême pauvreté s’inscrit dans un paysage semi-désertique superbe et envoutant. C’est là que j’ai eu le plaisir de travailler et d’apprendre avec le Garage Dance Ensemble, créé et dirigé par Alfred Hinkl et Jon Linden, tous deux originaires de la ville et qui ont choisi de retourner y vivre et travailler. Ils ont créé une troupe de danseurs qui se réunit dans un ancien garage reconverti en lieu de répétition. J’y ai trouvé des personnes aux talents incroyables, avec lesquelles j’ai développé une relation très forte qui a abouti à la création collective d’une nouvelle pièce.
Exploitées des années 1870 aux années 1980, les mines de cuivre d’Okiep étaient considérées comme les plus riches du monde. On y parle principalement l’afrikaans, et les autochtones préfèrent être appelés Coloured, un terme désignant en Afrique du Sud les populations d’ethnies mélangées, qui, dans la région, sont des descendants des cultures nama et indienne.
« Les Coloureds d’Afrique du Sud sont tiraillés entre l’ethno-nationalisme et le nationalisme africain… »
Ismail Lagardien
Bien que présents dès l’origine en Afrique du Sud, les Coloured people ont connu de nombreuses discriminations. Pas assez blancs à l’époque de l’apartheid et pas assez noirs aujourd’hui. Au début de mon travail avec les danseurs, je leur ai demandé les sujets qu’ils aimeraient aborder. Après un silence gêné, ils m’ont répondu :
« Nous ne voulons plus nous questionner sur nos ancêtres. »
« On aimerait parler d’autre chose que nos origines. »
« Nous souhaitons simplement dire qui nous sommes et comment nous célébrons la vie. »
Je me suis alors demandée qu’elle était ma place dans cette équation et comment répondre aux questionnements des danseurs. La réponse est venue en regardant les paysages qui nous entouraient. Après les pluies de l’hiver, qui tombent de mai à juillet dans cette région du Namaqualand, les sols semi-désertiques se recouvrent entièrement, d’août à septembre, d’un tapis magnifique de plus de 3.500 espèces de marguerites sauvages, une fleur symbole de paix et de prospérité.
C’est ainsi qu’avec les danseurs nous avons créé …How in salts desert is it possible to blossom… (Comment peut-on fleurir dans un désert de sel ?). Pour partager avec le public le spectacle à couper le souffle de cette floraison magnifique qui prend le pas sur le désert !
Robyn Orlin
Distribution / Production
City Theater & Dance Group
Un projet de Robyn Orlin avec Garage Dance Ensemble et uKhoiKhoi
Avec 5 danseurs de la compagnie Garage Dance Ensemble : Byron Klassen, Faroll Coetzee, Crystal Finck, Esmé Marthinus et Georgia Julies
Musique originale et interprétée par uKhoiKhoi avec Yogin Sullaphen et Anelisa Stuurman
Costumes : Birgit Neppl
Vidéo : Éric Perroys
Conception lumière : Vito Walter
Administration et diffusion : Damien Valette
Production de tournée et logistique : Camille Aumont
Directeur technique : Thabo Pule
Traduction : Maurice Salem – ACI
Production : City Theater & Dance Group et Damien Valette Prod
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2024, City Theater & Dance Group, Festival de Marseille, Chaillot, Théâtre national de la danse, Paris, Théâtre Garonne, Scène européenne, Toulouse.
Avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile de France
Durée : 1h
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels.
En images
Photos © Valérian Galy