Camille Boitel a une carrière – voyez carrière pleine d’éboulis et d’explosions – faite d’accidents artistiques. Sa première pièce est involontaire, il est très jeune (il a 10 secondes), devant deux bancs de spectateurs venus assister à sa naissance, il chute des bras de sa grand-mère et est rattrapé de justesse au ras du sol, provoquant son premier sursaut public. Plus tard il devient une star dans son collège à cause d’un accident capillaire. Tous ses spectacles en garderont l’empreinte, ils sont involontaires et vertigineux. C’est un langage de déséquilibriste, explorant le rythme de l’accident. Jouant d’abord dans la rue pendant plusieurs années en tant qu’artiste-enfant, il fait ses débuts sur les grandes scènes avec Annie Fratellini, Coline Serreau, James Thierrée et Victoria Chaplin, puis se lance dans la réalisation d’un premier spectacle, puis d’un deuxième premier spectacle – qui ne sera ni signé ni titré – tentant toujours d’explorer un nouveau rapport au public. Il écrit une série d’œuvres qui ne meurent pas (presque toutes se jouent encore aujourd’hui) L’homme de Hus, Les variations comiques, Définition de l’oeuvre d’art comme acte de confiance aux spectateur.rice.s, L’immédiat, Segera, Tantii, La jubilation, La haine des chaises, La machinajouer, Par ailleurs, Musique définitive, La construction du vide, Le système sensible, Le poids de l’air, Ouverture de saison, et aux cotés de Sève Bernard, il écrit notamment Calamity cabaret, Lancés de chutes, 間 (ma, aida), Le poids des choses, Fissure, La lévitation réelle, Introspection rétrospective …
Camille Boitel et Sève Bernard développent leur pratique au sein de la Compagnie l’Immédiat qu’ils définissent comme ceci : “ L’Immédiat est une toute jeune compagnie de 20 ans, qu’on pourrait définir, en disant qu’elle s’est spécialisée dans la complication de sa définition. Passionnée des premières fois, dédiée aux dernières fois, elle passe son temps à contretemps, à surgir et disparaître, explorant toujours, comme en débutant, ses propres récurrences. Celles et ceux qui pensaient que L’Immédiat était une compagnie spécialisée dans la catastrophe, celles et ceux qui pensaient qu’elle était une compagnie de texte, celles et ceux qui pensaient qu’elle se consacrait à la jubilation du public, celles et ceux qui étaient persuadé·es que L’Immédiat jouait pour des spectateurs qui ne se savent pas spectateurs, celles et ceux qui pensaient que L’Immédiat était une troupe expérimentale de performances radicales, celles et ceux qui pensaient que les spectacles étaient muets et adressés à tous·tes, celles et ceux qui pensaient à autre chose, celles et ceux qui n’y pensaient même pas, auront raison. ”
© Compagnie L’immédiat