Cette toute première pièce, montée en 1993 au sortir de l’adolescence, réunissait donc deux jeunes hommes (17 et 19 ans). Elle devait s’adapter à l’espace du salon de la Villa Gillet à Lyon : 5,5 m sur 7,5 m entouré de chaises. À bras-le-corps signera, pour les chorégraphes, un adieu à cette gestuelle académique qui les a formés.

Empoignades, étreintes et embrassades, très physiques, suggérées par le titre, mais aussi surenchère virtuose rappellent alors les circonstances de la création au sortir du Conservatoire de Lyon. La fougue, l’immédiateté, la rapidité sont toujours contredites par la fatigue, volontairement apparente, qui fait chuter pesamment les corps, rend audible l’essoufflement, et rend nécessaires ces temps d’attentes au bord de l’espace scénique comme autour d’un ring. Portés athlétiques, imbrications hasardeuses, le duo vire souvent au duel.

Pourtant, la fragilité de cet affrontement est aussi celle du danseur face à sa performance. Trente ans plus tard, À bras-le-corps raconte aussi ce que la danse fait aux corps, majoré par l’indice de l’âge. À bras-le-corps est surtout une rencontre peu commune avec les spectateurs qui se trouvent, comme rarement, à quelques mètres à peine des deux danseurs. Une autre façon de voir et d’appréhender la danse.

Agnès Izrine

Chorégraphie : Dimitri Chamblas et Boris Charmatz (1993)
Avec Dimitri Chamblas et Boris Charmatz
Lumière : Yves Godin
Musique : Paganini Caprices n°1, 10 et 16, Itzhak Perlman, violon Emi Classics CDC 7 471 71 2
Création le 13 janvier 1993 à la Villa Gillet à Lyon

Production et diffusion : [terrain]
Une production Edna (1993)
Coproduction : Villa Gillet/Lyon
Remerciements : Renaud Lapperousaz, Madjid Hakimi

Extraits de presse datant de 1998, lors du 18_^e Festival Montpellier Danse où Boris Charmatz et Dimitri Chamblas y ont présenté À bras-le-corps.